C’était un grand pédagogue du cinéma. Comme bien d’autres, j’ai appris le B.A BA du tournage et du montage lors d’un des stages d’initiation à la réalisation qu’il organisait au Centre normand d’études cinématographiques. C’est là que j’ai croisé pour la première fois Jean-Pierre Le Cozic et Claude Duty, entre autres. Le CNEC était un peu la version hors Éducation nationale d’Archimède Film, la structure que Guézennec avait créée au sein du Lycée Corneille de Rouen. Élève de Jeanne d’Arc, je ne l’avais pas eu comme prof — il était agrégé de lettres classiques — mais j’ai rencontré à cette occasion un homme chaleureux, attentif à la personnalité de chacun et formidable passeur de passion. Nous sommes nombreux à avoir fait nos premiers pas dans le cinéma grâce à lui, scénaristes, acteurs, réalisateurs, techniciens, programmateurs, etc. C’était le temps des caméras mécaniques, Bolex, Beaulieu ou Pathé-Webo — Éclair était trop cher et Aaton pointait tout juste le bout de son pied —, de la pellicule noir et blanc, moins chère que la couleur, des tables de montage, du double-bande, des bacs à chutes… C’était le temps où il fallait réfléchir à la composition et à l’éclairage d’un plan avant de lancer le fameux moteur ! faute des moyens qui auraient permis de refaire indéfiniment les prises. C’était le temps où germaient les initiatives qui allaient présider à la création de l’Institut régional de l’image et du son, devenu plus tard Normandie Images, une structure professionnelle très active d’aide à la création cinématographique, à l’accueil des tournages et à la mémoire du cinéma. Tout ce bouillonnement, toute cette histoire du cinéma en Haute-Normandie lui sont en grande partie redevables.
Adieu, cher Jean-Claude, et bon vent au paradis des ellipses et des flash-back, toi qui auras dorénavant l’éternité pour ultime plan-séquence.